Notre cousine éloignée Marie Hélène BRÉJON et François RAHAULT se marient à Pavant le 5 juin 1763. Deux ans et demi plus tôt, le 26 novembre 1760, ils célébraient déjà leurs noces ensemble, dans la même église. Entre temps, leur fils Augustin est né fin 1761.

François et Marie-Hélène n’ont pas divorcé car le divorce civil ne fut autorisé qu’en 1792, avant d’être supprimé en 1816 sous la Restauration puis rétabli enfin sous la 3ème République en 1884. Nous parlons d’ailleurs ici de mariage religieux.
Le cas s’est produit plusieurs fois vers la moitié du dix-huitième siècle. L’explication est inclus dans l’acte de re-mariage; en fait les époux s’étaient mariés tout en étant cousins entre eux avec un degré de consanguinité de 4 générations: deux de leurs arrière-grands-parents étaient donc frères et/ou sœurs. Les mariés n’avaient pas obtenu de « dispense pour consanguinité », obligatoire pour ce niveau de parenté.
Lorsque la parenté a été connue, le mariage a donc été annulé et les ex-époux ont du repasser devant monsieur le curé, munie de la précieuse dispense, ce qui était bienvenu, les époux ayant eu le temps de fonder une famille depuis parfois de longues années.
Peut être est-ce le zèle des curés qui les a fait recherché ces liens de parenté plus ou moins oubliés car c’est toujours à la même époque, vers 1760-1763 que l’on retrouve de multiples mariages annulés et re-célébrés dans les semaines suivantes dans la commune de Pavant.
Christian TERRIER, cousin de Pavant, m’avait fort gentiment transmis la transcription intégrale de l’acte de remariage de nos aïeux RAHAULT-BRÉJON:
« L’an mil sept cent soixante et trois, le dimanche cinq juin, vû l’acte de dispense de l’empêchement du quatrième degré de Consanguinité accordée par mon frère Gosser Vicaire Général de Monseigneur l’Evêque de Soissons en date du trois du présen mois et an, ainsi signée: Gosser Vicaire Général, contresigné: Laurens Secrétaire, Scellé du Sceau dudit seigneur Evêque a dûment insinué au greffe des insinuations Ecclesiastiques les mêmes jour et an, et ainsi signé: Blin au bas duquel acte qui est resté entre mes mains, se trouve la dispense de publications de bans; Vû aussi l’acte du mariage prétendu, fait en cette Eglise le vingt six novembre mil sept cent soixante entre François Rahault fils de Gilles Rahault vigneron et de Marguerite Mardienne ses père et mère d’une part et Marie Hélène Bréjon fille d’Augustin Bréjon aussi vigneron et de Marie Jeanne Marquis ses père et mère d’autre part, tous deux de cette paroisse, lequel mariage se trouve nul, les parties n’ayant point lors de la célébration obtenu dispense dudit empêchement du quatrième degré de consanguinité dont elles se trouvaient liées et qu’elles ignoraient, Je soussigné Prêtre Curé de cette paroisse en vertu de la permission donnée par le dit Sr Gosse Vicaire Général de marier le dimanche, ai reçu de nouveau en cette église le mutuel consentement de mariage des susdites Parties et leur ai donné la Bénédiction Nuptiale avec pères desdits François Rahault et Marie Hélène Bréjon, d’Estienne Marquis, vigneron, leur beau frère et de Charles de Graimbergty maître d’école, tous de cette paroisse lesquels ont signé avec nous excepté lesdits Gilles Rahault et Estienne Marquis qui ont déclaré ne savoir signer de ce interpellés.
Signatures:
Marie Hélène Bréjon
François Rahault
Augustin Bréjon
de Graimbergty
Delahaye Curé de Pavant
Source image: commentaire de la coutume de Normandie par Berault, Godefroy, 1776