En 1846, la jeune Léontine MIREAUX âgée de presque 18 ans, épouse le maréchal ferrant Louis François GOSSOIN de 2 ans son aîné. Cette union va l’emmener à l’autre bout du monde, à Bourail en Nouvelle-Calédonie, pour suivre l’amour de sa vie, condamné aux travaux forcés à perpétuité.
Marié à Léontine dans le village de Saâcy sur Marne, à quelques pas de Citry, village souche des GOSSOIN, Louis François GOSSOIN est maréchal-ferrant à Marigny-en-Orxois distant d’environ 13 kilomètres.

Louis François est issu d’une lignée de GOSSOIN installés à Saâcy sur Marne depuis son arrière-grand-père, et précédemment à Citry, comme ceux de notre branche dont descend Marie Victoire Rosalie GOSSOIN, notre aïeule et épouse de Prosper BRÉJON, caporal de la première compagnie de pompiers de Pavant en 1868.
Les GOSSOIN sont plutôt éduqués semble t’il car nombreux sont les hommes qui savent signer de leur nom, y compris leur aïeul commun Louis Simon GOSSOIN (1624- 1694).
Louis François et Léontine ont 2 enfants, Louise Eléontine – blanchisseuse, l’ainée qui se marie à 20 ans en janvier 1867 à Marigny en Orxois avec François VAILLANT agé de 29 ans – et son frère Louis Alexandre, qui se (re-) mariera à Paris en 1901 avec Angélique DRÉMONT, Pavanaise d’origine.
Moins de 3 mois après le mariage de sa fille Louise Eléontine, le 11 avril 1867, Louis François assassine et vole la veuve MAGU. Criblé de dettes, GOSSOIN l’a tué pour essayer de se sortir de sa situation financière catastrophique. Arrêté et jugé, il est condamné le 12 août 1867 aux travaux forcés à perpétuité, comme relaté dans le journal « Le Droit » de septembre 1867:

Source détaillée: https://www.retronews.fr/embed-journal/le-droit/18-septembre-1867/1837/3361625/2
Après un passage par le bagne de Toulon, le désormais chiourme Louis François GOSSOIN embarque sur le voilier le Néréide pour rallier le bagne de Bourail en Nouvelle-Calédonie. Son dossier matricule donne des informations sur sa personne, notamment quelques signes particuliers:

On y apprend qu’il a 3 enfants avec son épouse qui l’a rejoint à Bourail, le dernier étant donc probablement né avant son départ mais non identifié à date. Son épouse Léontine décédera 9 ans après l’arrivée au bagne du forçat. Ce dernier se remariera 1 an plus tard avec une autre criminelle, également condamnée aux travaux forcés à perpetuité, Antoinette POUYET, par ailleurs boulangère de son état.
Antoinette a été condamnée 2 ans plus tôt pour un double infanticide, ayant empoisonnée ses 2 jeunes filles, Eugénie et Mélanie, avec des « allumettes chimiques », avec la complicité et sous l’influence de son amant. Son 1er époux, Michel PRUGNE était également décédé quelques mois plus tôt de maux non identifiés, mais les causes de son décès n’ont pu être établies, faute de recherches suffisamment précoces:
Louis François GOSSOIN et Antoinette POUYET auront 2 enfants à Bourail, Louise Antoinette, née en 1879 (et qui se maria en France en Côte d’or en 1898), et Pierre Baptiste François GOSSOIN (1881 – 1968) qui vécut toute sa vie en Nouvelle-Calédonie.
Devenue veuve en 1890 avec le décès de Louis François GOSSOIN, Antoinette se remariera en 1894 avec un autre ex-bagnard, Benoit ROCHE, serrurier forgeron originaire de l’Ain, condamné pour sa part en 1868 à 20 ans de travaux forcés pour homicide volontaire sur la personne de sa maîtresse:


Le dossier matricule de Benoit ROCHE permet également d’entrevoir sa physionomie:

Benoit ROCHE avait rejoint Bourail en partant sur l’Alceste en mai 1869, sur le même bâteau que notre autre cousin éloigné François Alexandre RAHAULT, qui fut condamné à perpétuité, sur l’Ile Nou, pour avoir assassiné le mari violent de sa maîtresse.
Benoit ROCHE ne profitera de son mariage que 10 ans et Antoinette l’empoisonneuse, veuve GOSSOIN, vivra jusqu’à 85 ans, en 1929.
Pour retrouver plus d’infos sur Antoinette POUYET, je vous invite à lire le très intéressant et détaillé article de Raymond CAREMIER intitulé « LA BELLE BOULANGÈRE EMPOISONNE ÉPOUX ET ENFANTS » dans sa chronique familiale sur Geneanet.
Un avis sur « GOSSOIN, maréchal ferrant criblé de dettes »