La peste ou le choléra, nos ancêtres ont croisé les deux, à des époques différentes, ici en 1729 et un siècle plus tard en 1832, avec à l’époque peu de connaissances médicales ni de moyens pour les combattre …
1729 : année pestiférée à Saâcy sur Marne

En 1729, la peste sévit à Luzancy qui l’annonce par un drap mortuaire mis à flotter sur le clocher. Atterrés, que peuvent faire pour s’en protéger les habitants de Saâcy, paroisse voisine ? Il est recommandé d’utiliser des recettes à base de plantes aromatiques : absinthe, reine des prés, genièvre, sauge, romarin, camphre. Mieux vaut encore tenter d’infléchir Dieu par des prières à ses intercesseurs Saint Fiacre, Saint Antoine, Sainte Geneviève ou par des manifestations collectives dont certaines avaient particulièrement marqué leur époque.
Parmi nos aïeux peut être décédés de la peste, on trouve Louis ROYNÉ (de la branche L’HOMMÉ), vigneron de 50 ans qui décède le 15 avril 1729, laissant sa femme Catherine FRUTEL et au moins 4 enfants dont leur fille de 17 ans, notre aïeule, Jeanne ROYNÉ, qui se mariera l’année suivante.
Le 3 juin 1729, une procession s’organise à Saâcy et arrête le fléau … Actuellement encore, le 3 juin, en reconnaissance, a lieu la Fête des malades.
Quelques années plus tôt en 1720-1722, la peste frappait Marseille et décimait la moitié de sa population en faisant 100,000 morts. Jérémie FERRER-BARTOMEU, docteur en Histoire exerçant en Suisse, a retrouvé dans les archives une attestation de déplacement …vieille de 300 ans qui rappelle étrangement celles « ré-inventées » en 2020 pour l’épidémie de Coronavirus :

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1832 : le choléra atteint le village de Pavant

Vers 1830, le mot « choléra » est sur toutes les bouches. Pourtant, comme le déclare fort cyniquement le Grand Larousse du XIXème siècle : « le choléra, s’il était resté une maladie endémique sur les bords marécageux du Gange, n’aurait que médiocrement intéressé les Occidentaux… » !
Mais ce choléra dit « indien » émigre ! Il atteint Moscou en 1830, Berlin en 1831, faisant des milliers de morts sur son passage. Après Londres, touché en février 1832, il est à Paris le 26 mars…
On dénombre 55 décès à Pavant en 1832, contre 29 les années précédentes.
(source: « Histoire de Pavant » de Charles CORNETTE, page 176).

Parmi les victimes probables du choléra, on trouve notamment nos ancêtres directs et leurs parents proches :
- Marie Louise VALLET, 76 ans, † 8 juin 1832.
Marie Louise est la soeur de notre aïeul Louis François VALLET (1758-1803) et donc la grande tante de François Alexandre RAHAULT, le bagnard de l’île Nou
- Antoine Martin COTTRAY, 56 ans, † 22 juin 1832.
Antoine Martin est un aïeul de la branche BRÉJON, qui après avoir divorcé en 1797 de sa 1ère épouse, s’est remarié en 1800 avec notre aïeule Marie Victoire Angélique NOUVEAU qui donna naissance à 13 enfants (9 filles et 4 garçons) dont 2 paires de faux jumeaux. Seules 4 filles vécurent au-delà de l’âge de 3 ans.
- Crescence Zéphérine VALLET, 31 ans, † 23 juin 1832.
Crescence Zéphérine est une de nos aïeules et est la nièce de Marie Louise, décédée deux semaines plus tôt.
- Marie Catherine DESBORDES, 57 ans, † 9 juillet 1832.
Marie Catherine est une cousine germaine « COTTRAY » d’Antoine Martin COTTRAY, décédé presque 3 semaines avant elle.
- Prosper Emile BRÉJON, 8 mois, † 18 novembre 1832.
Prosper Emile est un des petit-fils d’Antoine Martin COTTRAY par sa fille Joséphine COTTRAY qui a épousé Pierre Prosper BRÉJON. Il est le frère ainé que n’a jamais connu notre aïeul Jean Pierre Prosper BRÉJON (1835 – 1913) et son cadet d’un an Léopold Damas BRÉJON. Décédé encore nourisson plusieurs mois après la vague de choléra de juin 1832 qui dure jusque septembre, nous ne pouvons pas être certain que Prosper a effectivement été victime du choléra…
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